Anne Puissant, membre actif de la ZAEU dans le groupe thématique occupation des sols, prend la direction du pôle Theia ( pôle de données sur les surfaces continentales). Dans l’interview ci-dessous, elle esquisse les principaux défis que Theia va devoir relever dans les années qui viennent et ses axes de réponses.
Vous venez de prendre la direction scientifique du pôle Theia, à la suite de Nicolas Baghdadi. Que pouvez-vous nous dire de votre parcours et de votre vision de Theia ?
Anne Puissant, nouvelle directrice du pôle Theia : Géographe et géomaticienne de formation, je suis impliquée dans le domaine de l’Observation de la Terre depuis le début de ma carrière. Mes travaux de recherche portent sur la caractérisation et l’analyse de la dynamique des écosystèmes, le plus souvent urbains/périurbains (occupation des sols, trame verte, trame grise) à différentes échelles spatiales, à partir de données multi-capteurs (terrestres, aériennes et spatiales) et sur le développement de méthodes innovantes d’extraction d’informations et d’exploitation de ces données multi-capteurs. Tous ces travaux ont en commun d’être réalisés en interaction avec des acteurs académiques, institutionnels et du monde socio-économique ; une partie a déjà trouvé sa place dans le pôle.
Depuis sa création, THEIA a été moteur comme écosystème d’innovation pour la recherche et au service de l’action publique et du développement économique avec la particularité de rassembler et de faire dialoguer établissements académiques de formation et de recherche, collectivités territoriales, et entreprises.
Le pôle se trouve à l’heure actuelle à un « tournant » stratégique pour pouvoir répondre efficacement aux besoins de la communauté scientifique et des autres acteurs pour l’observation et la compréhension des surfaces continentales : données, produits, méthodes, services, formations.
Quels sont les grands chantiers que vous comptez lancer dans Theia ?
Anne Puissant : Le premier chantier est d’impliquer pleinement THEIA dans la construction de l’IR Data Terra à l’échelle nationale et à l’échelle européenne tout en veillant à faire prendre en compte la spécificité des surfaces continentales. Il faut également développer la synergie entre les différents pôles, notamment sur des thématiques transverses pour l’étude des zones à forte pression et/ou enjeux, tels que les zones urbaines, le littoral ou la montagne.
Au sein du pôle, il me parait crucial de continuer de fédérer et dynamiser les acteurs scientifiques afin de favoriser la création de variables utiles/nécessaires pour comprendre, modéliser et simuler la dynamique des surfaces continentales. Un grand chantier à mener est de soutenir le développement de méthodes et produits innovants exploitant et croisant imagerie (satellitaire, aéroportée) et données in-situ acquises sur les surfaces continentales (OZCAR/e-LTER), sur la biodiversité (PNDB) et les agro-environnements (INRAE), en lien avec les Equipex+ Terra Forma et Gaia-Data. Enfin, j’aimerais explorer une hiérarchisation des produits THEIA à valeur ajoutée selon les publics d’utilisateurs auxquels ils s’adressent (scientifiques, acteurs publics, acteurs privés ou grand public) et développer une culture de services afin d’accroître leur utilisation. Ceci implique d’établir des modèles de production et de diffusion économiquement viables et durables en étroite synergie avec les dispositifs existants (Pôle satellitaire, Connect by CNES, Projets SCO, etc.).
En m’inscrivant dans la continuité et le renforcement des actions menées jusqu’à présent et en toute conscience des multiples missions à accomplir, je m’engage au sein de THEIA afin de construire, avec les scientifiques et les utilisateurs privés/publics, un écosystème autour des surfaces continentales propice à l’innovation scientifique et à la diffusion de données, produits et méthodes.